Comment cette plante miracle pourrait-elle sauver le monde ? - EcoBuddhism
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Comment cette plante miracle pourrait-elle sauver le monde ?

Et si je vous disais qu’il existe une plante miracle ? Une plante aux 25 000 applications, en passant de la corde, aux vêtements, au béton, jusqu’à la médecine.

Une plante qui pousse vite et bien, qui creuse ses racines profondément dans la terre et qui retient des tonnes de carbone dans le sol tout en pompant les métaux polluants.

Alors, avez-vous deviné quelle est cette plante ?

On vous donne un indice ? Elle a été diabolisée longtemps pour sa proximité avec sa cousine, la mauvaise herbe qui rend fou. Cette plante miracle est le chanvre en fait.

Mais aux États-Unis, elle est très peu cultivée et on est en droit de se demander pourquoi le chanvre qui possède tant d’atouts, a été à ce point dénigré par les Américains.

Voici l’histoire étonnante d’un incroyable gâchis pour les Américains qui auraient pu profiter pleinement d’une société durable grâce au chanvre.

Les nombreux avantages du chanvre

Le chanvre est une variété non psychoactive du cannabis et semble être utilisable pour presque tout.

C’est une plante dont la croissance est très certainement l’une des plus rapides sur terre, elle est capable de retenir plus de quinze tonnes de dioxyde de carbone dans le sol à l’hectare, elle élimine également toutes les mauvaises herbes, si bien que l’utilisation de pesticides reste marginale.

Lorsque le chanvre est utilisé dans le cadre d’une rotation des cultures, il s’avère être une très belle aubaine pour les agriculteurs.

En effet, l’institut Rodale a pointé que dans le cadre de rotation avec du chanvre, les rendements de soja et de blé avaient fortement augmenté l’année suivante, tandis que les mauvaises herbes avaient largement diminué.

Ces résultats seraient dus en partie à la capacité du chanvre à éliminer certains métaux lourds comme le cadmium ou le plomb, tout en aérant le sol avec son système racinaire, laissant un sol beaucoup plus sain et aéré pour les prochaines cultures.

L’impact du chanvre sur le sol est minime même s’il retient une grande quantité de carbone sur une courte période.

Mais les nombreux avantages du chanvre ne s’arrêtent pas à l’agriculture et selon l’USDA, il existe plus de 25.000 possibilités d’utilisation.

Ses graines peuvent être consommées crues ou transformées en huile ou en lait, ses tiges peuvent être utilisées pour fabriquer des fibres très résistantes, très absorbantes, beaucoup plus durables et résistantes que le coton.Il est également possible de fabriquer du papier de chanvre et même du béton de chanvre en y associant des chutes de bois et de la chaux.

Un mètre carré de béton de chanvre permet de retenir jusqu’à seize kilos de CO2 et tout ce que nous venons de citer n’est que la partie émergée de l’iceberg.

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Il existe encore un grand nombre d’applications concernant le chanvre et c’est à se demander pourquoi sa culture n’est pas généralisée.

Les origines du chanvre

Retour en 8 000 av. J.-C., les Mésopotamiens associaient le chanvre et la poterie, mais si nous remontons encore plus loin il y a 10 000 ans en Chine, le chanvre y était déjà cultivé.

Dans un premier temps, le chanvre a été transformé pour le textile et, 150 ans av. J.-C. pour le tout premier papier.

Le papier fut utilisé ensuite pour les cartes maritimes, celles qui menèrent les premiers colonialistes en Amérique du Nord.

Le chanvre fait partie de l’histoire des États-Unis, dès les premières heures de son histoire nous y retrouvons du chanvre qui était planté de manière intensive.

En 1535, le roi Henry VIII d’Angleterre a imposé aux fermiers de planter du chanvre sur un quart de leurs terres, il est vrai qu’à cette époque 80% des vêtements étaient fabriqués à partir de chanvre.

Par conséquent, nous pouvons affirmer que le projet colonial américain s’est en partie développé en s’appuyant sur le chanvre.

La première colonie américaine à Jamestown en Virginie a imposé aux agriculteurs la culture du chanvre en 1619 et peu après le Massachusetts, le Connecticut et les colonies de la baie de Chesapeake ont toutes promulgué des lois similaires.

Le chanvre était même utilisé comme monnaie dans les colonies et George Washington cultivait du chanvre, tout comme Thomas Jefferson.

Le chanvre était une culture de rente dans les colonies américaines, mais il y avait un problème : le chanvre demandait une quantité de travail importante pour la récolte et son traitement.

Une solution a été trouvée dans un premier temps avec l’esclavage, mais parallèlement l’industrie du coton a commencé à s’épanouir et l’égreneuse à coton facilitait grandement son traitement.

C’est à ce moment que le chanvre a connu son déclin, mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Les fermes qui cultivaient du chanvre dans le Missouri et le Kentucky ont continué à en produire pour la fabrication des voiles et des textiles tout au long du 19e siècle et au début du 20e siècle.

C’est à partir de cette période que l’industrie américaine du chanvre va franchement décliner pour totalement disparaître.

Comment les États-Unis ont-ils arrêté la culture du chanvre ?

En 1919, l’industrie du chanvre aux États-Unis était en très grande difficulté, les moteurs à vapeur remplaçaient les voiles de chanvre, le coton remplaçait les vêtements de chanvre et il n’y avait pas encore de mécanisme industrialisé pour rivaliser avec les progrès de l’exploitation forestière et des industries textiles alternatives.

Mais cette année-là, un développement prometteur est apparu, G.W. Schlichten a déposé un brevet concernant une machine qui réduirait par 100 la quantité de travail nécessaire pour produire du chanvre.

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Il s’agissait en fait d’une version de l’égreneuse à coton adaptée au travail du chanvre.

Tout était prêt alors pour le grand sursaut du chanvre, les outils étaient bien présents, les semis effectués, et puis il y a eu une montée en puissance du racisme et plus particulièrement anti-Mexicains et Chinois.

Des états comme la Californie et le Texas ont interdit subitement  l’usage récréatif de la drogue, et en conséquence l’association du chanvre avec son cousin psychoactif a donné des sueurs froides aux investisseurs.

Les investisseurs, dont G.W.Schlichten n’ont rien vu venir et n’ont pas pu redresser la situation. Peu après, la culture du chanvre a rapidement décliné, passant de 41.200 acres en 1917 à seulement 600 acres en 1929.

L’industrie américaine du chanvre était toute proche de la mort et le coup de grâce fut la campagne de propagande sur les méfaits du chanvre dans les années 30.

La rumeur dit que cette campagne a été motivée par le magnat de la presse William Randolph Hearst qui craignait que le chanvre prenne le dessus sur la fabrication traditionnelle du papier. La société DuPont, spécialisée dans les produits chimiques était également impliquée dans cette campagne de dénigrement, car le chanvre menaçait de concurrencer leur nouvelle invention de fibre plastique, le nylon.

Le chanvre a été impitoyablement diabolisé et la campagne a connu un énorme succès auprès des conservateurs qui en 1937 ont imposé une taxe sur la marihuana et sur tous les produits à base de chanvre.

Tous ces facteurs réunis ont laissé les cultivateurs de chanvre sur le carreau, sauf durant une courte période lors de  la Seconde Guerre mondiale, car le gouvernement a stimulé la croissance du chanvre pour la fabrication de vêtements militaires.

En 1958, l’industrie du chanvre s’est éteinte.

En 2021, de nouveaux espoirs pour l’industrie du chanvre ont réapparu, pour un futur durable à base de cette plante dont l’impact écologique est très faible.

Une nouvelle révolution du chanvre ?

Après plus de 70 ans de sommeil, les graines de chanvre se remettent à pousser à travers les États-Unis.

Depuis octobre 2019, 46 États des États-Unis sont autorisés à cultiver du chanvre à des fins commerciales. Le chanvre a été retiré de sa classification comme drogue de l’annexe 1 et il est maintenant considéré comme une culture courante aux yeux du gouvernement fédéral.

Le boom du CBD et des aliments à base de chanvre sont passés par là, 148.780 acres (60.200 hectares) de chanvre ont été cultivés en 2019. Pour mémoire, en France, nous étions à 18.000 hectares à cette date et les prévisions tablent sur 30.000 hectares pour 2030.

Le groupe de recherche IMarc prévoit que le marché du chanvre connaîtra une expansion de 18 % d’ici 2026.

Tout cela est très prometteur, mais pour être à la hauteur de son potentiel, l’industrie du chanvre doit non seulement se développer rapidement, mais ses utilisations doivent s’étendre bien au-delà du CBD.

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Le béton de chanvre, le carburant de chanvre, les vêtements de chanvre, l’isolation de chanvre et le papier de chanvre pourraient tous potentiellement être une alternative aux produits actuels.

Mais il reste une grande question en suspens : si la production de chanvre est accrue, sera-t-elle vraiment plus efficace que les pratiques actuelles ou restera-t-elle juste une autre culture de base comme le maïs par exemple ?

Comment devons-nous gérer le chanvre ?

Il semble que cette plante puisse nous aider à réparer les dégâts environnementaux.

Nous n’arriverons à rien si nous continuons sur notre lancée et nos comportements industriels très agressifs, c’est ce que dit Winona LaDuke, cofondatrice de Honor the Earth, militante pour le chanvre et membre de l’association O’Brien et de la nation Ojibwe.

Elle va au fond des choses quand il s’agit de la culture du chanvre. Alors que le chanvre est certainement plus durable que les plastiques dérivés de combustibles fossiles, ou que le béton gourmand en carbone que nous utilisons actuellement.

Un système où le chanvre serait industrialisé pourrait très bien nous renvoyer dans le même trou que celui dans lequel nous avons essayé de creuser pour nous en sortir.

Si nous reportons nos mêmes systèmes agricoles industriels et capitalistes dans la culture du chanvre, nous aurons une quantité phénoménale de CBD et des sols très pauvres.

Une transition vers une économie basée sur le chanvre pourrait cependant offrir un point de pivot. Un point qui passe d’une agriculture monoculturelle extractive à une gestion polyculturelle régénératrice.

Cela signifie d’utiliser des technologies appropriées, des méthodes sans labour, du compost, et des rotations de cultures, non seulement pour retenir le carbone, mais aussi pour renforcer les sols.

Toutes ces méthodes durables sont déjà développées par des personnes comme Winona LaDuke, qui a aidé à établir l’initiative du chanvre tribal à travers “The ‘Anishinabe Agriculture Institute”.

Dans le nord du Minnesota, LaDuke et beaucoup d’autres travaillent pour adopter les techniques traditionnelles de culture du chanvre en parallèle avec des pratiques modernes pour créer une industrie du chanvre dirigée par des autochtones, une industrie qui va à l’encontre d’une exploitation agricole industrielle dépendante de combustibles fossiles, en démontrant qu’un monde plus éthique est déjà possible.

Winona LaDuke nous montre juste la partie émergée de l’iceberg, car s’il était cultivé correctement, le chanvre pourrait changer le monde.

Nous devons tout  simplement faire attention à la terre sous nos pieds, à la terre tout autour de nous, et avoir le courage de passer à un nouveau système agricole.

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