Neutralité carbone, pourquoi le zéro émission nette est une arnaque ? - EcoBuddhism
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Neutralité carbone, pourquoi le zéro émission nette est une arnaque ?

La lutte contre le changement du climat et la limitation du réchauffement de la planète sont devenues des enjeux majeurs de nos jours.

Les nations ayant signé l’accord de Paris ont décidé de tout mettre en œuvre pour l’atteinte de la neutralité du carbone à l’horizon 2050. Il serait inutile de revenir sur cette anomalie qui voudrait qu’on fasse une lutte contre le changement du climat.

Cette action reviendrait à s’en prendre aux symptômes du mal, en ignorant la source même du mal. En réalité, les causes majeures du réchauffement du climat et de la planète sont liées aux progrès industriels, ainsi qu’à l’extraction des matières premières.

De ce fait, la neutralité carbone se présente comme un concept qui détourne l’attention des acteurs de l’écologie des grands enjeux.

La grande interrogation aujourd’hui, c’est de savoir si l’émission zéro dans le cadre de la neutralité carbone est plausible ou non. Tous les détails sont à découvrir ici.

La neutralité carbone : les implications

La neutralité carbone, contrairement aux opinions des décarbonées, n’implique pas forcément la réduction du carbone ou des émissions de gaz à effet de serre.

En effet, il est question d’une représentation comptable qui s’applique au climat à l’échelle mondiale. Il s’agit en réalité de la recherche d’un équilibre, entre l’appropriation du carbone et les émissions de gaz à effet de serre.

De façon officielle, la neutralité carbone est selon le parlement européen « la recherche d’un équilibre entre l’ingestion du carbone et les émissions de gaz à effet de serre ».

Pour l’atteinte de la propagation nette, l’ensemble des émissions de carbone doit être compensé par l’appropriation du carbone. Pour le parlement européen, les réserves de CO2 s’appliquent à l’ensemble des structures qui absorbent beaucoup plus de CO2 qu’elles n’en émettent.

Cette approche s’applique aux forêts, aux sols et aux océans. Il revient donc de limiter la propagation du carbone pour aller vers la neutralité carbone.

D’un point de vue physique, il est impossible de délaisser le pétrole, le gaz, le charbon ou encore le pétrole dans la surface de la Terre sans procéder au démantèlement de l’ensemble du système techno-industriel. De ce fait, la géo-ingénierie revient dans les grands débats.

Les experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) estiment qu’il s’agit de la meilleure alternative pour préserver le climat.

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En 2020, l’énergie fossile à elle seule dépassait les 83 % de l’association des énergies dans le monde. Il serait alors erroné de penser qu’on peut facilement arrêter de brûler le charbon, le pétrole ou encore le gaz dans les prochaines décennies. Pour y arriver, un démantèlement profond des pans dans le système industriel s’impose.

La contestation de la neutralité carbone : les raisons

De nombreuses institutions, organisations non gouvernementales ou encore des universitaires déplorent plus que jamais l’ampleur de la neutralité carbone dans l’opinion.

Pour que la neutralité carbone devienne une réalité, les acteurs concernés doivent réduire le taux de CO2 qu’ils émettent. À cet effet, de multiples solutions sont envisageables comme la diminution de la consommation en énergie et la compensation des émissions restantes.

Malheureusement, la majorité des entreprises se tournent vers la deuxième solution, car cette dernière ne demande pas trop de moyens financiers et ne nécessite pas trop d’effort humain. Selon l’économiste Alain Karsenty, ces entreprises continuent la pollution et participent à la destruction de la planète en ayant une conscience tranquille.

Le rapport du GIEC explique clairement que l’atteinte de la neutralité carbone au milieu du 21e siècle implique une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

Cette réduction évitera d’aller au-delà de 1,5°C pour le réchauffement. Pour la climatologue Françoise Vimeux, « il faut déjà commencer par réduire progressivement le taux d’émission de carbone de 6 voire 8 % chaque année, pour atteindre les 45 % à l’horizon 2030 ».

Le fait est que de nos jours, le taux d’émission de CO2 ne cesse de grimper au lieu de connaître une régression. Une étude du Global Carbon Project explique que les émissions de carbone dépassent leur record d’avant la crise sanitaire. L’ONU incitait pourtant les différents acteurs à se mobiliser pour faire face aux éventuelles catastrophes.

Robert Watson, ancien responsable du GIEC avec l’appui de deux autres scientifiques de renom, expliquait dans « The Conversation » que l’idée de la neutralité carbone est un piège dangereux et qu’il fallait faire attention. Les scientifiques ont poursuivi leur analyse en expliquant qu’il s’agissait en théorie d’une idée parfaite. Néanmoins, sa faisabilité laisse des doutes.

En juin 2021, l’ONG les Amis de la Terre affirmait que la neutralité carbone est une « grosse arnaque ». La même organisation avait publié en février de la même année un rapport dans lequel elle comparait la neutralité carbone à un « écran de fumée » qui favorise la dissimulation de l’inaction.

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De son côté, le Programme des Nations Unies pour l’environnement remet en cause l’engagement d’une cinquantaine de nations en faveur du zéro émission nette sur le long terme. Selon lui, leur engagement souffre d’ambiguïté et l’action ne doit pas être reportée après 2030.

La compensation carbone : un phénomène dans le viseur

La méthode utilisée par les entreprises pour atteindre la neutralité carbone est décriée. Les grandes firmes offrent de l’argent à de nombreux porteurs d’idées de projets concernant la diminution des émissions de carbone. La plupart sont dans d’autres pays (hors du territoire français). Depuis 2020 par exemple, Air France s’est engagé à corriger l’émission de ses vols en métropole.

Grâce aux énergies renouvelables, les entreprises privilégient la forêt. Ce nouveau mécanisme donne la possibilité aux entreprises d’obtenir des crédits carbone, gérables à l’infini. Les crédits carbone sont validés par des structures certifiées comme Plan Vivo, Verra ou encore Gold Standard.

Ces structures font une évaluation de la quantité de carbone que les entreprises ont pu éviter. Toutefois, les structures ne sont pas toujours unanimes sur la procédure de validation à cause des contraintes liées aux projections et aux évaluations.

Lors des évaluations, les organismes ne tiennent pas forcément compte du fait qu’un arbre aura besoin de plusieurs dizaines d’années pour éclore.

Pour que l’arbre soit en mesure d’absorber le CO2 de façon efficace, il est important de le laisser germer dans les meilleures conditions. Ces différents facteurs dépendent aussi du type de massifs et d’essences. Les anciennes forêts qui ont de gros arbres et leurs sols retiennent beaucoup plus de carbone.

Par exemple, au Congo, les acacias sont les plantes qui sont le plus souvent plantées, car ces derniers poussent très vite, mais meurent très vite aussi.

Plus tard, ces arbres seront transformés en énergie de bois. Lorsqu’on opte pour une culture unique, la biodiversité est limitée et la résilience est faible. Il est alors impossible d’assurer la pérennité d’un projet pareil pour les années à venir. La forêt peut se consumer par les scolytes qui sont des parasites qui se reproduisent rapidement.

Par ailleurs, le stress calorifique peut aussi contribuer à l’accroissement des végétaux. De ce fait, il y aura assez de CO2 dans l’atmosphère.

Les porteurs d’idées de projets convoitent souvent les terres des autochtones. À cet effet, certains spécialistes prédisent un risque de violation et d’appropriation des terres. Les puits naturels, quant à eux, ne sont pas contraints d’absorber plus de carbone.

Françoise Vimeux insistait sur le fait que « les océans et les forêts consomment 56 % des émissions à l’échelle mondiale ». Ce taux représente le maximum de carbone qu’ils sont en mesure d’absorber.

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Une augmentation des émissions de carbone pourrait perturber le fonctionnement des puits, qui perdraient en efficacité. Selon la climatologue Françoise Vimeux, « la géo-ingénierie est risquée. Elle est énergivore, coûte cher et n’est disponible qu’à une petite échelle ».

La neutralité carbone et le zéro émission : la différence

Pour une réussite de la neutralité carbone, les entreprises doivent prendre des mesures idoines pour empêcher l’émission de carbone ou retirer une bonne quantité de CO2 dans l’atmosphère.

Pour compenser leur trace écologique, certaines entreprises achètent assez de crédits carbone chaque année. L’atteinte de la neutralité carbone représente un enjeu majeur, capable de conduire à l’atteinte de l’objectif zéro émission nette.

Cependant, il est important de différencier les deux concepts. Le zéro émission nette implique la réduction des émissions de carbone qui proviennent des multiples chaînes de valeur.

La neutralité carbone par contre voudrait que des mesures soient prises, pour stocker et supprimer le volume d’émissions qui est produit dans une échéance donnée. En d’autres termes, la neutralité carbone n’inclut pas forcément le zéro émission.

L’encadrement de la neutralité carbone : la démarche à suivre

L’Agence française de la transition écologique avait souligné en mars 2021 que « la question de la neutralité carbone n’a de sens qu’à l’échelle de la planète ».

Pour l’agence, « les citoyens, les acteurs économiques et les collectivités qui prônent la neutralité carbone ne sont, ni ne peuvent devenir, ou se revendiquer neutres en carbone ».

En retour, ces derniers peuvent appuyer leur participation à cette vision mondiale à travers leurs actions. Plus loin, l’agence française de la transition écologique invite les différents acteurs à investir et participer à un projet concret de décarbonation. Certaines entreprises pour mieux encadrer l’engagement de leur neutralité carbone peuvent souscrire à des standards et aussi des référentiels.

Au titre de ces standards et référentiels on peut citer : le projet Net Zero Initiative ou encore le plan Science Based Targets. De toute évidence, un projet qui ne s’appuie pas sur des diminutions importantes d’émissions à court terme, mais se focalise plutôt sur des mécanismes de compensation n’est que diversion.

Pour éviter que la neutralité carbone ne soit qu’une illusion, il est important que tous les acteurs se mobilisent pour contenir le réchauffement du climat.

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