Quel est le rôle de l’énergie nucléaire dans une transition complète des combustibles fossiles vers un avenir sans carbone ?
En fait, le débat sur l’énergie nucléaire est un peu plus compliqué qu’il n’y parait, et afin d’analyser réellement la valeur de l’énergie nucléaire en tant que source d’énergie, il est important d’examiner des facteurs comme :
- les émissions de gaz à effet de serre
- les déchets nucléaires
- les coûts engendré
- l’aspect sécuritaire
Les émissions de gaz à effet de serre
Commençons par les émissions, qui sont un facteur énorme lorsqu’on essaie de comprendre comment l’énergie nucléaire pourrait être une option sérieuse pour atténuer les changements climatiques.
Beaucoup de partisans de l’énergie nucléaire soulignent l’absence d’émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques pour justifier une augmentation de la production d’énergie nucléaire.
Bien que cela soit vrai pour le processus de fission nucléaire réel qui crée de l’énergie, les processus entourant le nucléaire (comme l’extraction et le raffinage de l’uranium) créent quant à eux des émissions.
Une analyse du cycle de vie des différents combustibles réalisée par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) révèle que la moyenne des émissions de gaz à effet de serre de la production d’énergie nucléaire est sensiblement identique à celle de ses homologues “énergies renouvelables”.
Mais, par rapport au gaz naturel et au charbon, le nucléaire présente largement moins d’émissions.
Comme alternative au gaz et au charbon, l’énergie nucléaire est donc une bonne alternative en termes émissions, et pourrait être une option énergétique viable à faible teneur en carbone.
Les déchets nucléaires
Mais les déchets vont aussi de pair avec les émissions et c’est clairement la ligne de défense du mouvement antinucléaire, à juste titre.
A ce jour, personne n’a vraiment mis en œuvre une solution viable à long terme pour le stockage des déchets nucléaires.
Il existe actuellement trois grandes options :
- le stockage sur le site même
- le stockage profond à long terme
- le recyclage des combustibles pour utilisation dans d’autres centrales nucléaires.
Traiter les combustibles usés semble être une solution parfaite, mais ce n’est pas le cas.
Selon l’UCS (Union of Concerned Scientists), une des conséquences de ce processus pourrait être la prolifération des armes nucléaires.
En effet, le sous-produit de ce processus de recyclage est du plutonium, qui peut être facilement utilisé pour construire des armes.
En outre, seule une mineure partie des déchets peut être utilisé de nouveau, et il vous reste encore une foule d’autres matériaux radioactifs.
Et sur par-dessus tout, le recyclage de ces déchets a un coût substantiel qui lié.
En fin de compte, la seule réponse aux déchets nucléaires que l’on a trouvé jusqu’ici est le stockage à long terme.
Malheureusement, le seul pays qui est mis en place ce genre d’installations est la Finlande.
Les autres pays ne font que stocker leurs déchets sur place, sans aucune option ni perspective de stockage à long terme.
Le coût des centrales électriques
Les deux autres principaux éléments qui freinent vraiment le nucléaire sont le coût et la sécurité.
Combinés, les inconvénients de ces derniers font du nucléaire une solution infaisable pour une “décarbonisation” rapide de notre réseau électrique mondial.
Le coût de l’énergie nucléaire est en effet extrêmement prohibitif.
Aux Etats Unis par exemple, on sait que le coût pour mettre en place une centrale nucléaire se situe aux environs de 9 milliards de dollars par usine.
Avec ce genre de prix, la production d’énergie nucléaire est quasiment deux fois plus chère que les autres carburants, tout en ayant besoin de fonds démentiels pour être financée.
Une fois qu’une centrale nucléaire est construite, l’énergie peut sembler peu coûteuse en partie en raison la petite quantité de combustible physique qui devait être expédiée à la centrale, mais la construction et les coûts de démantèlement de ces centrales sont des charges financières énormes, surtout lorsque l’on considère que ces chantier dépassent souvent le budget initial (et le calendrier, parce que ces constructions sont très lentes).
Alors vous pouvez vous dire “Oui mais ça c’est juste aux Etats-Unis“.
En France, 75% de notre consommation d’énergie est assurée par l’énergie nucléaire, mais nous sommes une exception, pas la norme.
Cela est dû en partie aux fortes initiatives de notre pays dans le domaine nucléaire et une approche politique
Dans des pays comme les États-Unis ou d’autres pays dans lesquels il manque un peu d’énergie nucléaire, la possibilité d’utiliser le nucléaire comme combustible de transition vers l’énergie solaire et éolienne est un peu passé.
En effet, si on essayait de supprimer toute empreinte carbone rapidement un réseau d’énergie comme les États-Unis dans les 10 à 30 prochaines années, l’énergie nucléaire ne pourrait être la réponse en termes de coût et de temps (j’entends par là le temps de construire les centrales).
Cette lenteur et ce coût prohibitif du nucléaire sont en partie dus aux préoccupations en matière de sécurité, qui, lorsque vous regardez le nombre de morts, semble davantage tenir de la croyance populaire que des données.
L’aspect sécuritaire
En effet, l’énergie nucléaire par habitant est en fait la moins nocive.
Selon un décompte tenu par Forbes, les décès causés par l’énergie nucléaire sont beaucoup moins fréquent que ceux dus au charbon, au gaz naturel, ou même à l’énergie éolienne et solaire.
Ce faible taux de mortalité pourrait être en parti du aux lourdes réglementations de sécurité imposées aux centrales nucléaires.
Conclusion
En fin de compte, l’énergie nucléaire est une source d’énergie controversée, à n’en pas douter.
Cela est dû à la fois au fait que de la part du public, les centrales nucléaires n’ont pas la grosse côte depuis Tchernobyl, et d’autre part par la complexité du système.
Le nucléaire exige un fort investissement initial ainsi que beaucoup de temps avant de devenir une source de combustible “propre”.
Il est peu probable que l’on tourne le dos au nucléaire de si tôt.
La transition vers une énergie loin des combustibles fossiles impliquera certainement les centrales nucléaires actuelles, mais pour l’heure, les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolienne sont loin d’avoir atteint leur potentiel (notamment à cause des problèmes de batteries).
Non seulement les énergies renouvelables sont bon marché par rapport au nucléaire, mais elles peuvent aussi être produit rapidement et être diffusé largement dans le monde entier de manière décentralisée.
L’Islande en est un parfait exemple.
Le nucléaire a clairement pour avantage de proposer une production massive d’énergie, mais c’est un processus lent et lourd.
Si nous voulons nous éloigner rapidement et efficacement d’une dépendance aux combustibles fossiles de l’énergie, nous devons impérativement explorer d’autres options énergétiques.