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Quel est le coût environnemental du café ?

Le soleil se lève et vous sortez difficilement de votre lit, vous entrez en titubant dans la cuisine, les yeux pas encore bien alignés.

Machinalement, vous préparez une tasse de ce qui vous réveillera (espérons le du moins) et vous fera tenir la matinée : le café, ce breuvage qui employé par des millions de personnes dans le monde entier, de jour comme de nuit.

Il ne fait aucun doute que le café est une denrée de base, mais toute cette consommation entraîne aussi des conséquences écologiques.

Aujourd’hui, je vais vous parler du coût réel du café en posant deux questions :

  1. Quel est l’impact environnemental de la culture du café ?
  2. Pourquoi continuons-nous de le cultiver comme nous le faisons ?

2,3 millions de tasses de café sont bues chaque… minute dans le monde !

En France nous n’y sommes pas pour rien, puisque malgré la petite taille de l’hexagone, notre pays est le septième marché mondial du café derrière le Brésil, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Indonésie, le Japon et l’Italie.

Bien sûr, nous n’en produisons pas, il n’y a pas de café Made In France…nous devons donc l’importer ou l’échanger. Et nous ne sommes pas les seuls loin de là, le café est la deuxième matière première la plus échangée après le pétrole brut.

Le fossé entre consommateurs et producteurs

Mais il y a quelque chose de caché dans ces chiffres massifs : un fossé profond entre la géographie des consommateurs et celle des producteurs de café.

Les pays qui importent le plus de café, comme les États-Unis, l’Allemagne et la France, sont principalement situés en Europe et en Amérique du Nord, tandis que les plus gros producteurs se trouvent dans le Sud, des pays comme le Brésil, le Vietnam et la Colombie se taillant la part du lion dans l’exportation du café.

Essentiellement, les plantations de café se sont étendues dans la majorité des pays du monde pour satisfaire la dépendance au café du Nord.

Ainsi, lorsque l’on considère l’impact environnemental du café, ce n’est pas seulement le gaspillage visible des tasses en carton (ou parfois en plastique, coucou Starbucks) à emporter ou de capsules usagées que nous devons considérer, c’est aussi l’impact de la manière dont le café est cultivé.

Comment est cultivé le café ? 2 méthodes de production s’opposent.

plantation de café

En termes très simples, il y a donc deux façons de cultiver le café : à l’ombre et au soleil.

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Le “café soleil”

Le café cultivé au soleil n’est qu’une autre façon de décrire les systèmes relativement nouveaux de culture du café “technifié” ou industriel.

Ces méthodes de production ont été lancées dans les années 70 et 80 par les politiques néolibérales défendues par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (ou USAID) et la Banque mondiale, qui cherchaient à industrialiser les chaînes d’approvisionnement pour augmenter les rendements et faire baisser les prix.

Mais alors que de nombreux pays producteurs de café, comme la Colombie et le Brésil, ont adopté ce nouveau mode d’exploitation, qui repose sur des variétés de café résistantes aux produits chimiques et tolérantes au soleil, comme le Robusta, ils ont commencé à subir le poids écologique de ce système mondialisé.

Le café cultivé au soleil repose sur de vastes étendues de caféiers plantés en rangs serrés qui sont ensuite cultivés sans la protection d’arbres d’ombrage, trempés dans des herbicides et des pesticides chimiques, puis récoltés d’un seul coup en utilisant une technologie coûteuse, ce qui n’est pas sans rappeler les techniques de monoculture appliquées au maïs par exemple.

En raison de la technification, les petits exploitants agricoles sont dans certains cas contraints de cesser complètement la production de café, parce qu’ils sont incapables de faire face à la combinaison écrasante des coûts élevés des intrants des grosses machines et des bas prix causés par la concurrence avec les grandes exploitations de monoculture dans le monde entier.

Ce système de café industrialisé peut entraîner de nombreux problèmes environnementaux comme :

  • l’érosion des flancs des montagnes
  • la pollution chimique des cours d’eau
  • la dégradation des sols
  • la déforestation.

Le café cultivé au soleil est l’une des cultures les plus dévastatrices au monde.

Cela cause non seulement des dommages écologiques sous forme de ruissellement et de perte, mais cela nuit également à la santé des travailleurs dans les fermes où les produits chimiques sont prioritaires par rapport aux équipements de sécurité.

Un article du Guardian en parlait déjà en 2017, révélant que les travailleurs brésiliens se plaignaient souvent de “difficultés respiratoires, d’éruptions cutanées et de malformations congénitales” après avoir travaillé avec des pesticides interdits dans l’UE.

Dans un article sur les effets de la production et des exportations de café, le professeur Kelly Austin conclut que les pays qui dépendent du café comme principale exportation “produisent des modèles uniques et particulièrement nocifs de déforestation, de faim et de scolarisation“, surtout si on les compare à d’autres formes de production agricole.

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Les producteurs de café cultivé au soleil sont coincés dans un système qui exige des rendements élevés et des prix bas aux dépens de l’environnement et de la communauté qui les entoure.

Mais il existe une autre méthode de culture du café… qui n’est autre que la méthode dont le café a toujours été cultivé jusqu’à récemment.

Sous le couvert protecteur d’autres arbres : la culture à l’ombre !

Le “café de l’ombre”

La culture à l’ombre est le système traditionnel de culture du café qui privilégie un paysage biodiversifié pour construire un habitat sain pour les caféiers.

En effet, les caféiers préfèrent l’ombre lorsqu’ils poussent à l’état sauvage. Ce type de système de culture permet une méthode de culture du café beaucoup plus variée et, en fin de compte, plus stable.

En permettant au caféier de prospérer dans son habitat idéal, il nécessite moins de produits chimiques et d’intrants mécanisés, et les arbres qui sont cultivés “en intercalaire” avec le caféier non seulement fournissent de l’ombre, mais ils ont le potentiel de capter le carbone de l’atmosphère.

Selon le projet Drawdown, qui examine les 100 meilleures solutions au changement climatique, si davantage d’agriculteurs adoptent des systèmes de culture intercalaire comme ceux utilisés dans les plantations de café, ils pourraient potentiellement séquestrer 17,2 gigatonnes de dioxyde de carbone au cours des trente prochaines années.

Cette captation du CO2 se produit parce que les arbres cultivés en intercalaire dans une plantation de café imitent à bien des égards les forêts.

Par conséquent, cela signifie qu’ils ont l’avantage supplémentaire d’attirer une myriade d’oiseaux qui agissent comme un insecticide naturel pour les graines de café.

Et contrairement aux monocultures en plein soleil, il n’est pas nécessaire de défricher les terres forestières pour cultiver du café à l’ombre, et comme le montre une étude réalisée en 2013 sur les effets des systèmes traditionnels de culture du café sur la déforestation en Éthiopie, le café cultivé à l’ombre peut contribuer à ralentir la perte de forêts.

En plus de tous ces avantages environnementaux, la culture intercalaire avec des arbres fruitiers ou à noix signifie une récolte plus diversifiée et, en fin de compte, des moyens de subsistance plus stables.

En associant des caféiers à des macadamias, par exemple, les agriculteurs obtiennent non seulement le rendement des caféiers, mais ils peuvent aussi récolter les avantages des macadamias.

Cela signifie que si une récolte de café échoue une année, ce ne sera pas nécessairement un désastre.

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Donc, oui, bien que les rendements globaux puissent être un peu inférieurs à ceux d’un système technifié, le café cultivé à l’ombre signifie plus de sécurité économique, moins de mécanisation et un écosystème plus sain.

En plus de tout cela, le café a généralement un meilleur goût.

En fin de compte, le système industrialisé, bien que favorable à des rendements plus élevés (et à des profits plus élevés pour les sociétés de café), a poussé la culture du café à devenir une activité destructrice pour l’environnement.

La culture du café à l’ombre démontre clairement que le café n’a pas à endommager le sol ou son environnement ; en fait, la culture traditionnelle du café existe depuis des centaines d’années.

Quand est on passé d’une culture traditionnelle bonne à une culture technifié néfaste pour l’environnement ?

Soyons clairs, cela ne s’est pas produit naturellement.

L’USAID et d’autres organisations mondiales axées sur le marché libre, comme la Banque mondiale, ont créé les conditions de ce changement.

Et le résultat de la transformation des économies locales des petites exploitations agricoles traditionnelles en économies mondiales plus importantes des exploitations agricoles industrialisées est que le café qui est consommé en Amérique du Nord et en Europe provoque une destruction de l’environnement sous forme de pollution et de déforestation dans le Sud.

Ainsi, à mesure que la dépendance des pays du Nord à l’égard du café s’accroît, et avec elle leur demande de prix moins élevés, ils exportent essentiellement les conséquences environnementales et sociales de la production de café à grande échelle vers le monde majoritaire.

Alors que faire ?

La réponse n’est malheureusement pas aussi simple que de simplement acheter des variétés d’ombre d’origine unique ou boire du thé à la place.

C’est important et cela fait partie de la solution, mais nous devons aussi comprendre que pour que des systèmes plus écologiques puissent prospérer, ils ont besoin d’une économie mondiale qui cherche activement à les soutenir et à les financer.

Une économie qui donne la priorité à la santé environnementale, au bien-être collectif et aux biens de qualité, et qui contraste fortement avec le système capitaliste mondial actuel qui cherche une production élevée, des prix bas et une croissance sans tenir compte du coût environnemental et social.

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