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4Ocean avis : une initiative légitime et sincère ?

Quand le monde va mal, certains essaient de tirer cela à leur avantage et l’on peut ainsi apercevoir de plus en plus d’entreprises à but lucratifs surfant sure des valeurs écologiques.

Là où le green washing tâche de redorer (ou reverdir) le blason d’une entreprise existante, d’autres se mettent en avant avec comme fer de lance et principal argument l’écologie.

On voit ainsi de nouveaux business model émaner, et de nombreuses publicités sur Facebook ventant qu’une partie des bénéfices de la vente de tel ou tel produit de la marque seront reversés pour planter des arbres ou sauver des koalas. 

Il est souvent question de bracelets dans cette niche, comme on peut le voir avec Treevotion, DailyLama ou encore 4Ocean que nous allons ici étudier.

Toutes ces sociétés ne sont pas des géants comme Ecosia, ce qui rend bien compliqué de tirer le vrai du faux.

Présentation de 4Ocean

Là-bas, au-delà de la ligne d’horizon, derrière le tumulte des vagues, ondulant à la surface de l’océan se trouvent de grandes quantités de déchets.

L’océan Pacifique abrite deux de ces cinq collections d’ordures que nous humains, avons fabriquées.

Chacun d’eux est le résultat de courants appelés gyres et qui rassemblent les 8 millions de tonnes de déchets qui se déversent dans l’océan chaque année.

Vous avez bien lu, 8 millions de tonnes de déchets se déversent dans l’océan chaque année…

Ces gyres sont en quelque sorte les compacteurs de déchets de l’océan et les rassemblent en cinq principales zones gigantesques.

N’y a t’il rien à faire ?

Des initiatives pour nettoyer les océans, il y en a eu, il y en a et il y en aura. Vous vous souvenez peut être du jeune inventeur hollandais du nom de Boyan Slat qui ambitionnait de défaire les océans de leurs déchets avec The Ocean Cleanup, il semble que 7 ans après son prototype, son concept est enfin en activité.

Le concept de 4Ocean

Parmi les autres initiatives, on peut citer 4ocean, dont vous avez certainement vu les publicités sur les réseaux sociaux.

Le concept : nettoyer ces énormes quantités de déchets en achetant simplement un bracelet…

Deux surfeurs de Floride ont en effet créé cette société appelée 4ocean pour mettre cette idée saugrenue sur pied.

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Ils vendent des bracelets pour financer un effort de nettoyage de l’océan à grande échelle.

Mais est-ce que l’achat d’un bracelet en verre et en plastique recyclé peut réellement se traduire par moins de déchets dans l’océan ?

4ocean, arnaque ou non ?

Est ce que 4ocean utilise vraiment les revenus de la vente de ses bracelets pour nettoyer les océans ?

La grande différence entre 4Ocean et d’autres société de nettoyage des océans est que c’est une entreprise à but lucratif.

Le co-fondateur Andrew Cooper explique cette décision de garder 4ocean à but lucratif comme une opportunité de montrer la capacité morale du secteur privé :

Tout ce qui vous entoure vous est apporté par le secteur privé, pourquoi le secteur privé ne peut-il pas faire plus de bien ? Pourquoi ne pouvons-nous pas créer une entreprise, une entreprise à but lucratif, qui peut faire le bien, qui est axée sur la mission…Nous voulions vraiment briser le modèle et nous mettre au défi…

En gros, 4ocean a réussi à tirer parti de ses bracelets (qui sont fabriqués à partir de matériaux recyclés, mais pas nécessairement prélevés dans l’océan) pour créer un certain nombre d’opérations de nettoyage.

Contrairement à d’autres entreprises dont les activités s’articulent librement autour de “grandes causes” (comme Patagonia ou Tesla) 4ocean cherche à faire passer sa mission de nettoyage des déchets en premier et ses produits en second plan.

Leur principale promesse est la suivante : pour chaque bracelet vendu, environ un kilo de déchets est nettoyé dans l’océan.

Comment ça fonctionne, en pratique ?

L’entreprise a embauché pour le nettoyage des déchets plus de 300 employés, dont 100 à temps plein, qui aident à ramasser les déchets avec des bottes (pour ramasser sur les plages), des bateaux et des barrages à l’embouchure des rivières.

Ils organisent également des événements communautaires pour permettre aux gens de faire du bénévolat et de d’éduquer sur le fléau des déchets en mer.

Au cours des deux dernières années, M. Cooper affirme que 4ocean aurait nettoyé plus de 6 millions de livres (soit l’équivalent de 2,7 millions de kg) de déchets dans l’océan (selon son calculateur interne).

Ils prennent ensuite tous ces déchets, les trient, recyclent ce qui peut l’être, incinèrent ce qui ne peut pas l’être et trouvent d’autres solutions pour le reste, comme envoyer les pneus à une usine de dévulcanisation pour les réutiliser sur les terrains de jeu.

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En bref, 4ocean semble vraiment tout mettre en oeuvre pour nettoyer les déchets des océans.

Peut on vérifier les faits ?

Plus ou moins, car le Bureau d’éthique commerciale vérifie tous les deux mois en faisant correspondre les reçus aux comptes de déchets.

À l’heure actuelle, l’entreprise a reçu un A+.

4ocean travaillerait même selon son cofondateur sur la mise en place d’une feature sur le site qui ferait office de “traqueur de déchets”.

Ainsi tout visiteur pourrait directement voir par emplacement et par date ce que 4ocean a nettoyé.

Une goutte d’eau dans l’océan ?

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Aussi sérieuse que soit l’entreprise et aussi efficaces que soient ses efforts de nettoyage, ces derniers ne constituent malheureusement qu’une solution de fortune à un problème systémique.

Ce que Cooper admet volontiers d’ailleurs :

4ocean n’a rien à voir avec le nombre de bracelets que nous vendons… La vente de bracelets ne sera jamais la solution pour enlever le plastique de l’océan. C’est un mouvement qui va nécessiter la participation de tous les habitants de cette planète. Plus précisément, les décideurs du monde qui sont en charge de l’infrastructure de gestion des déchets et des emballages plastiques.

Par conséquent, 4ocean a récemment commencé à utiliser sa marque pour influencer les entreprises et les municipalités à prendre des mesures en amont.

4ocean s’est par exemple associé à Air Canada pour éliminer tous ses plastiques à usage unique sur ses vols et travaille actuellement avec deux organismes gouvernementaux locaux pour créer de meilleurs systèmes de gestion des déchets.

Conclusion : une société lucrative à bon fond

J’étais un peu sceptique en entamant mes recherches sur 4Ocean après en avoir vu une nième pub sur les réseaux sociaux.

J’avais cette impression d’un certain manque de transparence, surtout en ce qui concerne l’affectation des recettes provenant des bracelets.

Considérant que chaque bracelet se vend pour environ 20€, il me semblait évident qu’il devrait y avoir plus de clarté sur la façon dont cette somme considérable d’argent est utilisée !

Je dis considérable car M.Cooper a concédé avoir vendu environ 4Millions de bracelets depuis que la compagnie a vu le jour, pas mal !

Après deux ans, M. Cooper affirme que l’entreprise se perfectionne en matière de transparence et de communication :

Très récemment, nous avons transmis nos déclarations de revenus et tous nos états financiers au Bureau d’éthique commerciale pour qu’il vérifie, qu’Alex et moi avons bien versé les 0,7 % de tous les revenus générés depuis le premier jour.

D’après Cooper, les recettes s’élèvent à plus de 50 millions de dollars.

Tout le reste serait réinvesti dans l’entreprise sous forme de recherche et développement pour la nouvelle gamme de produits, d’administration, d’infrastructure, de recherche sur la chaîne d’approvisionnement et de salaires pour ses équipes de nettoyage.

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Compte tenu de tout cela, je pense qu’il est encore important de rester vigilant en ce qui concerne les finances qui devraient contenir moins d’affirmations et plus de données.

4ocean doit gagner la confiance de ses clients non pas par des annonces, du marketing numérique ou des mots, mais par une communication et des actions transparentes.

Si cela est bien fait, comme dans le cas d’Ecosia, qui publie chaque mois un rapport détaillé de ses rapports financiers et de ses reçus de plantation d’arbres, il serait beaucoup plus facile de dépenser ces 20€ en toute bonne conscience.

En fin de compte, 2,7 millions de kg de déchets nettoyés en deux ans grâce à 4ocean demeure un exploit, mais si l’on considère que plus 8 milliards de kg de plastique entrent dans l’océan chaque année, le compte de 4ocean n’est malheureusement qu’une goutte d’eau dans la mer.

Ceci étant dit, le fait qu’une entreprise de telle envergure semble penser non seulement aux effets du plastique en aval, mais aussi à ses sources en amont, est encourageant.

Pour conclure, oui, l’argent de leurs bracelets contribue aux efforts de nettoyage des océans et au travail de plaidoyer pour essayer de minimiser la consommation et les déchets de plastique.

Mais cela ne veut pas dire que 4ocean est la seule option. Il y a beaucoup d’organisations à but non lucratif comme The Ocean Cleanup ou la Surfrider Foundation qui font un travail similaire.

Comme toujours, il est important de faire vos recherches et il est également essentiel de continuer à débattre pour savoir si les entreprises à but lucratif peuvent un jour régler un problème structurel capitaliste.

En d’autres termes, le secteur privé peut-il se réformer de l’intérieur ?

Si la réponse est non, alors il est important de prendre cela en compte dans nos relations avec des entreprises comme 4ocean.

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